Nous sommes récemment retombés sur l'excellent article de Sandra Enlart : La formation est morte ! Vive la Learning Entreprise ! pour Les Echos. Selon elle, les nouvelles technologies ont considérablement changé la face de la formation professionnelle. Parce qu’elles mettent à disposition de l’employé une grande quantité de données consultables directement au moment où il peut les mobiliser mais aussi qu’elles exigent de lui de nouvelles connaissances pour manipuler les outils de son quotidien, la formation ne doit plus se présenter comme un moment isolé dans l’emploi du temps de l’employé, mais doit être une composante à part entière de sa “situation de travail”.
Cet entremêlement entre apprentissage et travail est pour nous aussi l’avenir de la formation continue. En effet, nous savons que mobiliser immédiatement les connaissances en situation réelle permet une meilleure rétention en mémoire que si elles ont été vues passivement (voir aussi notre article sur l'effet de testing). D’une part parce que l’apprenant peut immédiatement en évaluer sa maîtrise et si besoin la mettre à jour, et d’autre part parce que plus l’effort déployé pour acquérir une connaissance est grand, meilleure est son acquisition. Que les collaborateurs puissent pratiquer directement en contexte est donc le gage d’un apprentissage réel.
Si nous écrivons cela, ce n’est pas parce que l’intuition nous le suggère mais parce que l'expérimentation le prouve. Cette distinction entre intuition et expérience est capitale pour les entreprises, car c’est à elles que revient la mise en forme des contenus pour que leur assimilation soit réelle. Sandra Enlart utilise à juste titre le terme “société cognitive”, c’est parce que c’est sur le plan cognitif que ces changements se jouent. Perception, attention, régulation émotionnelle, comportement sociaux, les points à prendre en compte sont aussi complexes que nombreux et pour les comprendre réellement, la simple intuition ne suffit pas (voir aussi notre article sur l'engagement et l'apprentissage durable). En effet, certaines théories séduisantes relayées par les média, comme les styles d’apprentissage, ne sont pas prouvées par l’expérience (2) : baser sa formation sur celle ci représente une perte d’argent pour l’entreprise et une perte de temps pour l’employé. A l’inverse, certains résultats contre-intuitifs, comme l’apprentissage alterné, permettraient s’ils sont pris en compte de faire une vraie différence.
Nous avons à disposition une aide précieuse, les sciences cognitives. Domaine scientifique récent, elles ont produit une quantité faramineuse d’informations issues d’expériences menées en laboratoires depuis plus d’un demi siècle. Grâce à elles, l’entreprise a de nombreux leviers sur lesquels jouer pour d'une part, apprendre à former ses collaborateurs et obtenir des résultats concrets, et d'autre part, apprendre à apprendre vis-à-vis de sa propre pratique pour l'améliorer au cours du temps (voir aussi notre article sur les mythes de la création de contenus en entreprise).
Que les entreprises s'approprient ces éléments des sciences cognitives, et elles pourront profiter pleinement des nouvelles technologies, et instaurer une réelle culture de "l'apprentissage permanent" telle que l'a défini Sandra Enlart. On joint donc nos voix à la sienne : vive la Learning Entreprise et longue vie aux sciences cognitives !
[1] Karpicke, J. D., & Roediger, H. L. (2008). The critical importance of retrieval for learning. Science, 319(5865), 966-968.
[2] Pashler, H., McDaniel, M., Rohrer, D., & Bjork, R. (2008). Learning styles: Concepts and evidence. Psychological science in the public interest, 9(3), 105-119.
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