La grande histoire des plateformes e-learning

La grande histoire des plateformes e-learning

L'histoire du e-learning est avant tout l’histoire de la démocratisation du savoir. Depuis les premiers cours par correspondance jusqu'aux technologies d'apprentissage basées sur l'intelligence artificielle, chaque étape a radicalement transformé la manière dont nous développons nos compétences. L’épopée du e-learning peut être divisée en trois grandes générations, chacune marquée par des défis uniques. Dans cet article, nous explorons cette grande histoire, en commençant par la numérisation des années 1990, suivie par la simplification des années 2010, pour en arriver à la nouvelle ère de l'IA et des sciences cognitives.

1ère génération – La grande numérisation

La naissance du LMS et de la gestion de connaissances en ligne

Si l’on laisse de côté les cours par correspondance et autres expériences au sein des universités, les premiers outils elearning apparaissent dans les années 1990 et prennent leur envol dans les années 2000.

Le premier challenge est celui de la numérisation du processus de formation dans les entreprises.  C’est l’émergence du Learning Management System (LMS), une plateforme complète d’administration et de diffusion, souvent adossée aux outils de gestion des ressources humaines. Un canon de fonctionnalités classique se développe : gérer des groupes d’apprenants, les inviter à des formations, suivre les statistiques…

Le cas d’usage initial est celui de la gestion de la formation en présentiel ; le partage de connaissances directement par le biais du numérique commence également à émerger, avec des fonctionnalités de dépôt de documents : Word, PDF... Il s’agit cependant davantage de gestion de la connaissance (knowledge management, souvent abrégé KM) que de formation : aucun effort particulier n’est mené sur la pédagogie et la montée en compétence.

De PowerPoint aux outils auteurs et au standard SCORM

Certains acteurs souhaitent toutefois aller plus loin et commencent à développer un format d’apprentissage spécifiquement pensé pour le numérique : c’est ce qu’on entend généralement lorsque l’on évoque « les e-learning », au pluriel. Le modèle dominant est inspiré de PowerPoint : des solutions comme Articulate émergent autour de ce besoin.  On oublie comme à l’époque PowerPoint était une technologie révolutionnaire, avec sa logique de slides pour découper l’information, comparé à un document brut dénué de toute structure !

Par rapport à un PowerPoint, les e-learning permettent une plus grande interactivité, avec des quiz, des glisser-déposer… Cette interactivité s’accompagne souvent d’une forme de maladresse : on pense à ces animations pléthoriques façon cartoon, sous l’influence de Flash notamment, qui ont beaucoup vieilli aujourd’hui.

Les solutions qui permettent de créer des elearning s’appellent des « outils auteurs » et ne sont pas intégrées dans le LMS lui-même : pour permettre l’intégration de ces contenus riche, on développe une norme, le SCORM, pensée pour l’interopérabilité.

Les défis de la création de contenu et de l’engagement des apprenants

Les pionniers de la première génération réalisent un travail colossal de démocratisation de la connaissance. Pour autant, le succès est loin d’être total. Certes, les entreprises mettent des contenus à disposition, mais la problématique de l’engagement des apprenants est à peine traitée ; la création est fastidieuse et réservée à des experts en formation et en ingénierie pédagogique ; quant à l’efficacité pédagogique, elle ne fait tout simplement pas partie des préoccupations à l’époque.

2ème génération  – La grande simplification

Repenser le LMS pour une meilleure expérience utilisateur

C’est dans ce contexte qu’intervient la 2ème génération du elearning, celle des années 2010. Loin des bricolages open source, l’e-learning tombe sous l’influence de la Sillicon Valley et de YCombinator (« make something people want », faites des produits que les gens veulent réellement). L’ambition est de dépoussiérer le LMS en passant d’une solution d’acheteur, avec des cahiers des charges et des cases à cocher, à une solution davantage tournée vers les utilisateurs et leurs besoins concrets. L’expérience utilisateur (UX) monte sur le devant de la scène : et le elearning se mue en « Learning Experience » (LXP) et le nerf de la guerre devient l’« engagement », mesuré notamment par les taux de complétion des formations. Fini les suivant-suivants !

Pour répondre à cette injonction, le marché se reconfigure, entre  consolidation et dispersion. Le modèle dominant des entreprises du elearning devient SaaS (software as a service) : un logiciel mis à jour en continu dans le cloud.  D’un côté, les LMS assurent de plus en plus de la chaîne de valeur (avec notamment les outils auteurs intégrés) ; de l’autre, les acteurs pullulent, chacun essayant de se différencier avec son Graal propre.

Trois candidats au Graals prétendent résoudre cette problématique de l’engagement de manière décisive.

L’essor des MOOCs, du mobile learning et des réseaux sociaux

Le premier Graal est le MOOC, ou cours massivement ouverts en ligne, dans la lignée de la Khan Academy ou des tutoriels sur YouTube. Derrière le discours sur l’accès libre à la connaissance, (qui, en vérité, n’a de sens que pour des contenus gratuits), c’est avant tout la promesse de la vidéo qui séduit dans le monde de l’entreprise : le coût est prohibitif, mais les organisations jouent le jeu, pensant avoir trouvé là la clé de l’engagement véritable.

Le deuxième Graal est le smartphone, cette Petite Poucette qui met l’information du monde entier dans notre poche. On parle d’ATAWAD : Anytime, Anywhere, Any Device. Demain, nous serons tous connectés sur notre “mobile learning », nous promettent les influenceurs de l’époque…

Le dernier et plus caractéristique est le réseau social. La décennie 2010 est marquée par l’influence des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) du web 2.0, et des approches dites participatives : l’utilisateur ne se contente plus de lire du contenu, il apporte également ses propres réflexions en « postant » et en « likant » dans des flux d’actualités.

Les limites des solutions cosmétiques

Le bilan de ces expériences est mitigé. Indubitablement, les solutions elearning sont plus attrayantes et plus plaisantes à utiliser qu’à une certaine époque ; indubitablement, les solutions auteurs intégrées dans le LMS et leurs intégrations d’outils comme Genially facilitent la création de contenus simples et de quiz basique.

Pour autant, on ressort des années 2010 avec l’impression que des solutions cosmétiques ont été privilégiées au travail de fond sur les besoins sous-jacents de l’utilisateur.  Aucun des Graals annoncés n’a véritablement rempli sa promesse, et le secteur du elearning se trouve face à un choix : poursuivre la recherche vaine d’un « machin learning » ou repartir des fondamentaux.

3ème génération  – L’ère de l’intelligence

L’exigence d’efficacité réelle

Les technologies épousent l’époque, et la façonnent tout à la fois.  Là où la culture des années 2010 pouvait se complaire dans une forme d’outrance, les années 2020 ont débuté par un rappel au sérieux : pandémie mondiale, dérèglement climatique...  L’heure n’est plus aux proclamations prophétiques mais à l’efficacité : il faut faire ses preuves dans le réel.

Pour répondre à cet objectif, deux grands axes structurants nous montrent la voie :

La démarche scientifique, condition de l’efficacité

Les sciences cognitives représentent un corpus de recherche vieux de près d’un siècle, appuyé par des études expérimentales rigoureuses (expériences à tirage aléatoire, méta-analyses). Le cerveau humain n’est plus une boîte noire et les mécanismes sous-jacents de son apprentissage nous sont de plus en plus apparents : construction de schémas mentaux, limitation de la surcharge cognitive, lutte contre l’illusion de maîtrise… Mis ensemble, ces fondamentaux nous permettent d’entrevoir comment, d’une connaissance brute, un apprenant peut s’approprier l’information, apprendre à l’appliquer, et monter en compétence dans le réel, de manière efficiente.

Ces recherches ont longtemps été ignorées sur le terrain, non pas par manque de volonté mais principalement par manque de temps et d’effort. Par exemple, elles impliquent pour le pédagogue de créer de nombreux exercices de mise en situation et de proposer pour chaque activité des feedbacks personnalisés, travail aussi efficace dans la théorie que chronophage dans la pratique.

L’IA pédagogique ou la promesse du coach pour tous

C’est dans ce contexte qu’apparait une technologie de rupture, l’intelligence artificielle générative.  Cette technologie se marie à merveille avec l’apport des sciences cognitives pour produire l’IA pédagogique, une solution capable de transformer en quelques secondes n’importe quel document brut en une expérience d’apprentissage optimisée pour le ROI.

Pour l’expert ou formateur, l’IA pédagogique est synonyme d’automatisation des tâches pédagogiques à « haute valeur ajoutée » : conception de modules interactifs, feedback sur des tâches réelles…

Pour l’apprenant, l’IA pédagogique permet d’envisager le « coach pour tous », un collègue à la fois parfaitement expert, parfaitement pédagogue, et infiniment patient. Bloom parlait de l’effet « 2 Sigma » : armé d’un tuteur personnalisé, les « moyens » finissent par atteindre de mêmes résultats que les plus performants d’un groupe. Avec l’IA, le rêve 2 Sigma devient réalité et l’adaptive learning, bien plus qu’un slogan.

Vers l’assistant embarqué dans les outils de travail

Proposer un tel coach nécessite de repenser les interfaces actuellement utilisées pour l’elearning. Les propriétés d’un assistant IA sont multiples et méritent d’être analysées :

  • La logique algorithmique est remplacée par une personnalisation totale. Chaque génération de l’IA est différente, chaque expérience unique ; le langage se meut et se recompose au gré des commandes.
  • La modalité d’interaction primaire n’est plus un bouton préprogrammé mais le langage naturel. Il ne s’agit plus de deviner ce que souhaite l’utilisateur mais d’y répondre en temps réel.
  • L’abstraction de l’interface permet à cette intelligence protéiforme de se déployer en tout lieu. Plutôt que demander à l’utilisateur de migrer sur un nouvel outil, l’assistant a naturellement vocation à opérer sur les outils de travail préexistants (la messagerie d’entreprise, le CRM…), avec le moins de friction possible.

Dans ce monde futur qui est déjà un peu celui du présent, il n’y a plus de barrière naturelle entre la gestion des connaissances et la montée en compétence ; entre le learning et la productivité quotidien ; entre la formation formelle et l’apprentissage… À la place, un continuum de transmission : la connaissance directement passe du cerveau des experts métiers à celui des employés, par le chemin le plus court. C’est cette nouvelle génération que Didask entend mener avec sa plateforme LMS basée sur les sciences cognitives et l’IA générative. Le learning devient un sujet métier, un monde de conséquences, de ROI : on peut dire que la pédagogie est affaire de productivité et la productivité, affaire de pédagogie.

Si vous souhaitez en savoir davantage, nous serions ravi d’en discuter avec vous !

Pour poursuivre votre lecture sur les différents sujets abordés dans cet article, nous vous invitons à consulter nos articles suivants :

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À propos de l'auteur

Philip Moore

Philip est le directeur Produit de Didask. Très impliqué dans les problématiques d’efficacité pédagogique, il a co-conçu la méthodologie agile Didask. Diplômé de Sciences Po Paris et de la London School of Economics, Philip est aussi l’auteur de “Tous Pédagogues” coécrit avec Svetlana Meyer, paru aux éditions Foucher.

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