La pédagogie pour “bons élèves”, trop présente dans la formation digitale !

Bon élève sur la première marche du podium, les moins bons restent plus bas

La pédagogie de bons élèves domine le e-learning

En distanciel, la formation reste (encore!) trop passive. Combien de formations sur étagère sont des successions de vidéos, où la seule interactivité se résume à quelques quizz de temps en temps ? Même quand des technologies prometteuses comme la réalité virtuelle sont utilisées, on se retrouve avec la version “immersive” d’un simple film pédagogique. 

Si l’on connaît bien le problème des formats passifs sur la mémorisation (on en discute d’ailleurs dans l'article "3 clés essentielles pour passer de la mémorisation à l’application"), on connaît moins le fait qu’ils excluent spécifiquement les apprenants les moins à l’aise avec la formation. On pourrait se dire qu’ils n’ont qu’à cliquer sur Play et se laisser guider… sauf que la réalité est bien différente !

Gare à la surcharge cognitive

Face à un format passif, l’apprenant·e doit lui-même gérer sa motivation, la quantité d’effort qu’il déploie, surveiller sa propre progression, choisir la prochaine étape de son apprentissage, ajuster le rythme auquel il avance... voire compléter sa formation avec des révisions spontanées (“tiens, c’était quoi les 4 étapes de la méthode SPRI?”). Ce processus complexe demande de l’attention et de la mémoire, ressources cognitives qui sont disponibles en quantité limitée (on en parle dans l'article "La surcharge mentale, ennemie de l'apprentissage"). Les ressources prises pour gérer ce processus d’apprentissage ne seront pas consacrées à apprendre la formation.

Or, un novice a besoin de plus d’attention qu’un apprenant plus avancé pour traiter la même information. Rappelez-vous de votre apprentissage de la conduite : au démarrage, chaque événement sur la route prenait toute votre attention (gérer les pédales, le panneau, la voiture derrière…) puis petit à petit, vous avez progressé et vous aviez besoin de moins d’attention pour traiter ces mêmes événements. Quand vous êtes novice, il est donc difficile d’apprendre et de gérer en même temps son processus d’apprentissage. Seuls les “bons élèves” sont capables de mener ces deux activités de front.

Le piège des contenus passifs

Par ailleurs, des études montrent que notre rapport à l’apprentissage est en général biaisé. Les moments d’apprentissage sont trop souvent vus comme l’occasion de “prouver” ses compétences. Au lieu de se focaliser sur leur propre progrès, les apprenants se fixent alors comme objectif “d’être le meilleur” ou de “ne pas passer pour un nul”. Dans ces cas-là, ils vont spontanément choisir des contenus passifs, perçus comme moins menaçantes : pas besoin de mobiliser ses connaissances et de prendre le risque de se tromper.

Cet effet concerne tous les apprenants, quel que soit leur niveau, mais celui-ci est renforcé chez les personnes plus éloignées de la formation. Ayant connu l’échec plusieurs fois en situation d’apprentissage, ils auront tendance à se protéger. Ils vont alors se précipiter sur les contenus passifs et éviter les formats les plus efficaces comme les mises en situation, ou alors ne s’y engager que partiellement (“non mais si je me suis trompé, c’est parce que j’étais pas à fond!”)

Créez des formations digitales adaptées à tous

“Personnaliser” ne résout pas entièrement le problème

Spontanément, la solution proposée à ce problème est l’adaptive learning. On espère qu’ajouter des algorithmes qui adaptent l’expérience d’apprentissage permettra à tous de profiter des parties de la formation qui lui correspondent le plus. Or il y a deux limites à cela : 

Dans la majorité des cas, l’adaptive learning modifie simplement l’ordre de présentation de votre formation ou certains paramètres superficiels. Or proposer de voir une vidéo en premier plutôt qu’une autre ne change pas fondamentalement l’expérience d'apprentissage : vos apprenants auront encore beaucoup à faire pour gérer leurs efforts, leurs stratégies.

L’adaptive learning a besoin de données pour fonctionner, et les données des formats “passifs” (temps de lecture, clics) portent peu d’informations sur le niveau réel de l’apprenant. L’adaptation sera donc modeste, par rapport aux données que l’on peut récolter via des formats plus actifs, où l’apprenant·e choisit des réponses, écrit directement dans l’interface.

Le problème se pose en amont, dès la conception : sur quoi focalise-t-on la formation ? Quels choix stratégiques fait-on pour mieux guider l’apprenant·e ?

Repenser fondamentalement sa pédagogie dès la conception pour rendre sa formation accessible à tous

Un premier pas est bien sûr d’adopter plus systématiquement des formats pédagogiques plus “actifs”. Mauvaise nouvelle : ça ne suffira pas pour mettre votre formation à la portée de toutes et tous.

Le levier le plus efficace est de renforcer le guidage des apprenants dans la formation. Découper finement vos formations en modules courts, avec des intitulés lisibles, grâce auxquels vos apprenant·e·s pourront se repérer facilement. Dans ce canevas, il est facile de proposer des mises en actions centrées sur une compétence très précise, où les apprenants sont guidés à chaque étape.

Exemple : 

😕 Ne faire que des simulations de rendez-vous client où tous les aspects sont travaillés en même temps (gestion des objections, présentation de l’argumentaire, négociation…) ->  grosse charge cognitive pour les débutants qui n’ont pas encore la bonne grille de lecture.

Exemple de mise en situation Didask - digital learning, pédagogie, formation digitale


😊 Multiplier les micro échanges, où chaque aspect est d’abord travaillé isolément et les solutions ont été présentées en amont par le ou la formatrice -> peut focaliser son attention sur les propriétés spécifiques de chaque phase (points de vigilance, bon réflexe)


Un deuxième levier est d’admettre les erreurs et de les intégrer directement dans la conception de la formation. Vous observez que sur le terrain les apprenants ont telle mauvaise pratique ? Intégrez-la dans vos mises en situation ! A partir de ça, il est possible de faire des feedbacks précis, qui dénouent les préjugés et les croyances des apprenants en préservant leur sentiment de compétence : “je sais pourquoi je me suis trompé·e”.

Exemple :

😕 Faire un simple quizz de vérification de connaissances : les feedbacks seront généraux et se contenteront d’indiquer la bonne réponse

😊 Faire un quizz de mise en situation, où chaque proposition de réponse correspond à une erreur commise par les novices et apporte un feedback précis à celles et ceux qui la choisissent

Exemple de quizz Didask de mise en situation avec un feedback - Pédagogie et formation digitale


Si vous souhaitez proposer des formations qui profitent à toutes et tous, la solution de conception de Didask a été pensée spécifiquement pour identifier précisément les erreurs commises par vos apprenants et les mettre en scène dans des micro cas pratiques. 

Découvrir la solution Didask


Partager sur les réseaux

À propos de l'auteur

Svetlana Meyer

Svetlana Meyer est la reponsable scientifique de Didask. Docteure en sciences cognitives, son rôle est d’intégrer les derniers résultats de la recherche sur l’apprentissage à notre produit pour améliorer l’efficacité des contenus créés sur Didask.

Dans la même thématique