La mémoire kinesthésique et les styles d'apprentissage font beaucoup parler d’eux dans le monde de la formation. On nous promet qu'en intégrant le geste dans le processus d’apprentissage, on pourrait révolutionner la façon d’apprendre. Certains vont jusqu’à dire qu’il existerait des apprenants « kinesthésiques », des gens qui assimileraient mieux en manipulant. Alors, doit-on tous se mettre au pliage d’origamis et aux legos géants pour booster nos neurones ? Voyons de plus près ce qu’il en est vraiment.
La mémoire kinesthésique, pour simplifier, est la mémoire du mouvement et des gestes. Elle est indéniablement cruciale pour certaines professions où le geste est tout : imaginez un chirurgien, un chef d’orchestre, un artisan… ou même un chef sushi ! Dans ces contextes, oui, il est vital de retenir des gestes précis et de les répéter jusqu’à la perfection. Et là, la mémoire kinesthésique est irremplaçable. Elle fait partie de cette « mémoire des gestes » qui permet à certains professionnels d'exécuter des mouvements avec une précision quasi automatique.
Mais voilà : certains en tirent l’idée que cette mémoire des gestes pourrait renforcer d'autres types d’apprentissage en utilisant le toucher et le mouvement pour ancrer des concepts abstraits dans la mémoire. Par exemple, manipuler des objets pour « représenter » une idée, ou créer une connexion "multisensorielle" en combinant gestes et visualisations. En théorie, ça peut se tient : associer les concepts aux gestes pourrait améliore la rétention d’informations en sollicitant plus de circuits neuronaux et en doublant la trace mémoire associé au concept d'une trace mémoire associée aux gestes. Sauf que dans la pratique… c’est beaucoup moins systématique, voire carrément hasardeux tant les conditions de succès à remplir sont nombreuses.
Si l’on souhaite tirer parti de la mémoire kinesthésique en formation, il est impératif de cibler des apprentissages spécifiques où elle peut réellement faire une différence. Concrètement, on peut l’appliquer dans deux types de cas :
Dans des domaines comme la géométrie, la biologie moléculaire (la structure des protéines), ou encore la logistique (l’agencement d’entrepôts), manipuler des objets peut aider à mieux appréhender la spatialité. Dans ces contextes, le fait de toucher, déplacer, et orienter des modèles tangibles permet de mieux comprendre des structures complexes. Pour ces apprentissages « physiques », inviter les apprenants à manipuler peut être un plus. C’est ici que la mémoire kinesthésique prend tout son sens.
Pour la majorité des apprentissages, la mémoire kinesthésique n’a pas de plus-value propre. Le principal bénéfice vient plutôt de la multisensorialité en général, c’est-à-dire de la possibilité de solliciter plusieurs sens à la fois pour alléger la charge cognitive. Mais il faut être honnête : il n’est pas forcément nécessaire d’ajouter des gestes coûteux et complexes pour obtenir cet effet ! L’audio-visuel fonctionne tout aussi bien pour activer cette multisensorialité sans passer par la case bricolage.
Bien que l’idée soit à la mode, l’application de la mémoire kinesthésique en formation comporte plusieurs obstacles de taille :
La mémoire kinesthésique est souvent associée aux fameux « styles d’apprentissage », une idée tenace selon laquelle il existerait des « apprenants kinesthésiques », visuels, auditifs, etc., qui auraient chacun besoin d’un format correspondant pour apprendre efficacement. Ce concept est ce qu’on appelle un neuromythe. Les études montrent que, style d’apprentissage préféré ou non, tout le monde apprend en fait de la même façon avec différents types de contenus. S’il est parfois plus agréable d’apprendre dans un format familier, cela ne change en rien les performances d’apprentissage !
En résumé, on peut ranger cette théorie dans le tiroir des mythes rassurants mais peu productifs. Mieux vaut privilégier des méthodes d’apprentissage éprouvées qui favorisent la mémorisation pour tous les apprenants plutôt que de se perdre en adaptations personnalisées qui n’apportent rien de plus.
Plutôt que d’investir dans des approches kinesthésiques aléatoires, Didask s’appuie sur des méthodes qui, elles, ont fait leurs preuves plus systématiquement pour booster l’apprentissage. Voici quelques clés :
Pour certains apprentissages spécifiques, la mémoire kinesthésique peut jouer un rôle. Mais l’enthousiasme démesuré autour de son potentiel pour tout et n’importe quoi n’est pas justifié. Dans la majorité des cas, elle n’est ni nécessaire, ni la méthode la plus efficace. Mieux vaut se tourner vers des techniques validées, qui facilitent l’apprentissage sans perdre de temps ni de moyens dans des aménagements gadgets.
Alors, au lieu de manipuler des objets en espérant que le savoir s’ancre comme par magie, adoptez des approches qui vont droit au but, avec l’action cognitive au cœur du parcours. La vraie clé de l’apprentissage efficace, c’est de comprendre, tester, ajuster et avancer — tout le reste, c’est du bonus.
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Sciences cognitives & pédagogie
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