Combien d’employés ressortent d’une formation avec une impression de maîtrise superficielle, puis oublient tout quelques semaines plus tard ? Combien de projets d’elearning mobilisent des mois de conception pédagogique, pour in fine n’aboutir à aucun changement durable sur le terrain ? Si vous vous posez la question de l’ancrage mémoriel, c’est que vous êtes déjà sensibilisé(e) à LA problématique clé de la formation : le retour sur investissement (ROI) et l’efficacité de vos efforts.
Prendre cette problématique à bras le corps, c’est mesurer la différence entre la connaissance que vous souhaitez transmettre et son appropriation à long terme par l’apprenant ; c’est donc prendre au sérieux l’apport de la pédagogie et des sciences cognitives, qui étudient les mécanismes par lesquels un cerveau humain retient durablement une information.
La prise en compte du problème ne garantit pour autant pas son application réussie, et de nombreuses fausses conceptions menacent la mise en place d’une stratégie d’ancrage réellement efficiente. Le terme d’ « ancrage mémoriel », popularisé dans les années 2010, a un avantage – celui de se fonder sur des phénomènes scientifiques solidement établis – et un inconvénient – celui de trop restreindre le champ de l’efficacité pédagogique. Il porte en lui la tentation de réduire l’ancrage à un moment, celui de la re-mobilisation active post-formation ; et à un enjeu, celui de la mémorisation de faits et de connaissances, comme on bachoterait pour un examen. En réalité, une grande partie de l’ancrage se joue en amont de ces dynamiques, et prend en compte de nombreux autres paramètres que la seule mémoire, ce qui suppose une approche holistique, bout-en-bout, de l’expérience de formation.
En amont, la motivation d’apprendre doit être présente. Les stagiaires doivent se projeter dans l’intérêt concret de la formation pour leur travail et leur carrière, ce qui implique de partir de mises en situation concrètes plutôt que de présenter les sujets sous un angle purement théorique.
Les idées reçues préexistantes des apprenants, doivent également être déconstruites : former de nouveaux managers, par exemple, revient à former des individus qui peuvent déjà avoir certains comportements ancrés dans leur quotidien, comme une trop grande directivité ou à l’inverse un trop grand laisser-faire. Pour contrer ce type de comportements, les travaux de recherche montrent qu’il est préférable de sortir d’une approche purement descendante et laisser dans un premier temps l’apprenant faire ses propres choix, pour réajuster leurs représentations dans un second temps.
Une fois ces premiers obstacles levés, les nouvelles informations doivent être présentées de manière digeste, en évitant la surcharge cognitive : c’est la différence entre un PowerPoint rempli de paragraphes de texte et de jargon, et un schéma clair présenté graduellement, assorti d’exemples concrets, et de métaphores parlantes.
Enfin, l’illusion de maîtrise doit être combattue tout au long du processus d’apprentissage : en effet, à quoi bon retenir une information qui serait en réalité fausse, ou dont les implications pratiques seraient mal digérées ? Pour cela, il est essentiel de confronter régulièrement les apprenants à du feedback, via des exercices présentant un niveau de difficulté suffisant : ainsi, après avoir expliqué le fonctionnement d’une procédure, il est recommandé de présenter à l’apprenant divers cas de pratique d’application de la procédure afin de lui demander comment celui-ci les traiterait.
Suite à la formation initiale, vient l’ancrage à proprement parler. Conceptuellement, la clé de l’ancrage est ce qu’on appelle la re-mobilisation active : les connexions neuronales se renforcent à chaque fois que le cerveau fournit un effort de récupération autonome (« je fais comment pour activer la machine, déjà ? »), ce qui permet de lutter contre l’oubli et de garantir un apprentissage de long terme. Cette re-mobilisation active est d’autant plus efficace qu’elle est répétée (même si la première re-mobilisation a déjà un impact à ne pas négliger !) et espacée dans le temps.
Des mécanismes tels que les flashcards sont particulièrement adaptés à cet objectif : je lis une carte avec une question, essaie de trouver la réponse de tête, et retourne la carte pour vérifier ce qui était attendu ; si j’ai réussi, je retire la carte ; si je me suis trompé, je remets la carte en bas de la pile ; je continue ainsi jusqu’à m’être débarrassé de l’ensemble des cartes. Les flashcards, qui ont l’avantage de facilement s’automatiser en digital, ne sont néanmoins pas les seuls moyens de permettre la re-mobilisation : de bons QCM, par exemple, peuvent tout à fait jouer ce rôle, à condition que l’apprenant ait à fournir un réel effort pour retrouver la bonne réponse, plutôt que de procéder par élimination. Pour aller plus loin, un coach IA peut également demander à vos apprenants d’expliquer ce qu’ils ont retenu avec leurs propres mots et de leur faire un feedback personnalisé.
Trop souvent, la remobilisation active est cantonnée à une mémorisation de faits et de chiffres, un apprentissage par cœur qui rappelle l’école. Si cet apprentissage est effectivement nécessaire, il est rarement suffisant ; un ancrage efficace doit traiter l’enjeu plus délicat de la profondeur et du transfert d’apprentissage. Ainsi, un vendeur qui renforce sa connaissance produit doit savoir mobiliser ces connaissances face à un prospect, avec son contexte particulier, les questions qu’il risque de poser, etc.
Pour traiter ce niveau de profondeur, l’idéal est de proposer une mise en situation plus complexe, ou l’apprenant doit produire la réponse par lui-même, par exemple face à une objection client ; puis de lui offrir un feedback entièrement personnalisé, comme pourrait le faire un tuteur ou un coach : ce qui a été bien traité, ce qui pourrait être amélioré… On passe ainsi de la mémorisation théorique à la capacité d’application sur le terrain, qui n’est autre que l’objectif final de la plupart des formations.
Tous ces éléments montrent la responsabilité qui incombe au formateur de structurer une expérience d’apprentissage engageante et active, à chaque étape du processus de formation. Tout cela peut paraître chronophage, voire utopique au vu des efforts demandés. C’est là qu’intervient l’IA, et notamment l’IA dite pédagogique : les nouvelles technologies permettent de déléguer cet effort d’ingénierie pédagogique en produisant les formats d’apprentissage adaptés sur la base de contenus bruts. Imaginez déposer un PDF, ou noter vos idées en vrac sur un sujet, et voir éclore en quelques minutes des exercices de remobilisation active avec des mises en situation concrètes, des flashcards, et même un coach IA capable de fournir un feedback personnalisé sur n’importe quelle tâche !
Ce scénario, autrefois inconcevable est désormais une réalité avec l’IA pédagogique : il n’y a donc désormais plus aucune raison de s’en tenir à des formations descendantes, où la dimension d’ancrage serait sacrifiée sur l’autel du temps et du coût. La pédagogie efficace se démocratise et avec elle, l’ancrage mémoriel pour tous.
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Sciences cognitives & pédagogie
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