Motivation, concentration, attention : 3 leviers indispensables pour un apprentissage réussi

Motivation, concentration, attention : les conditions d'un aprentissage réussi

Motivation, concentration, attention… Connaissez-vous la différence entre ces trois termes ?

Souvent utilisés sans distinction quand on parle d’apprentissage, il s’agit en réalité de phénomènes différents dont l’impact intervient à différentes étapes du processus d’apprentissage. Pour pouvoir en profiter au mieux dans la conception de vos contenus pédagogiques, il convient de bien les différencier.

Commençons avec un exemple :

Vous avez dans l’après-midi un entretien d’embauche. Afin de faire bonne figure, vous avez décidé d’apprendre un maximum de choses sur cette entreprise. Après une heure et demi à parcourir leur site internet, vous vous rendez compte de l’inefficacité de votre démarche : vous n’arrivez pas à retenir quoi que ce soit. D’où peut venir cet échec ?

Première possibilité : Vous manquez de motivation. Vous avez déjà passé trois entretiens cette semaine et aucun n’a abouti à une embauche : vous n’avez plus beaucoup d’espoir que celui-ci soit le bon. Ne vous attendant pas à être récompensé pour vos efforts, il est compliqué pour vous de vous mettre à la tâche avec conviction.

Deuxième possibilité : Vous manquez de concentration. Vous avez par exemple rencontré quelqu’un récemment et vous attendez son message avec impatience. L’émotion que cela vous procure vous détourne de toute autre tâche. Impossible d’allouer vos ressources cognitives à autre choses. L’organigramme de l’entreprise est bien loin de rivaliser avec l’envie de regarder votre téléphone toutes les deux minutes.

Enfin, troisième possibilité : Vous avez du mal à canaliser votre attention sur les détails importants de l’entreprise. Organigramme, histoire de l’entreprise, liste des clients, évènements organisés... trop d’éléments ayant chacun leur importance sont présents sur le site et vous ne savez plus où donner de la tête. A moins de hiérarchiser les informations à retenir pour l’entretien et de vous organiser, vous sentez que vous allez vous noyer dans ce flot d’informations.

Motivation, concentration et attention sont fortement liés : ainsi, plus vous êtes motivés, et plus vous arrivez à focaliser votre attention sur l'essentiel, plus il vous sera facile de vous concentrer sur votre tâche. Pour autant, il s'agit bien de trois phénomènes distincts qui impliquent de jouer sur des facteurs différents.

Motivation, concentration, attention en formation professionnelle et apprentissage

Distinguer les sources de la motivation

Comme illustré par cet exemple, la motivation peut être considérée comme la porte d’entrée vers les apprentissages. On peut distinguer deux sources de motivations [1]. D’un côté la motivation intrinsèque, lorsque le plaisir recherché réside dans l’accomplissement de l’action lui-même. Par exemple, je cuisine car cela me détend ou j’écris ce livre car cela me rend fier.e. De l’autre côté, la motivation extrinsèque, lorsque l’action accomplie entraîne des conséquences que nous jugeons comme positives. Par exemple, je travaille tard le soir car je sais que cela va me rapporter de l’argent ou je m’applique sur ce dossier car cela me vaudra peut être une augmentation.

Ces deux types de motivation ne sont pas incompatibles. Un employé peut être motivé à se former à la fois pour la fierté personnelle que ces nouvelles compétences lui apporterons et parce que cela lui permettra aussi d’obtenir une meilleure position dans l’entreprise. Cependant, il semblerait que la motivation intrinsèque soit le meilleur moteur des apprentissages. Dans leur article de 2003, Lin et al. [2] relèvent d’ailleurs la pertinence de stimuler les apprenants non pas en mettant l’accent sur les performances qu’ils obtiendront aux tests mais sur les compétences qu’ils vont acquérir.

Repérer les freins à la concentration

Même lorsque la motivation est là, il se peut que plusieurs objectifs entrent en compétition, vous empêchant de vous concentrer pleinement sur votre tâche. Les sources de distraction sont nombreuses et peuvent être d’ordre physiologiques (manque de sommeil, faim, soif) comme psychologiques (anxiété).

On peut définir la concentration comme étant la capacité consciente d’allouer ses ressources cognitives à une tâche donnée. Au cours de la journée, les capacités de concentration ont tendance à fluctuer. David et Low ont trouvé dans leur étude [4] que lors de cours théoriques, aucune différence de concentration n’était retrouvée entre les cours ayant lieu le matin et ceux ayant lieu en fin de journée. En revanche c’est au sein même d’un cours que la concentration avait le plus tendance à fluctuer avec une concentration plus élevée en fin de cours qu’en début. Ces résultats peuvent être pertinents à prendre en compte dans l’organisation des cours : par exemple en évitant de donner les éléments clés du cours en début de session lorsque la concentration est moins bonne.

 

Décrypter les secrets de l'attention

Nous arrivons maintenant au dernier phénomène introduit en début d’article : l’attention. Ce phénomène a été au cœur de nombreux débats médiatiques depuis quelques années : explosion du nombre de cas de déficit de l’attention (le fameux TDAH), attention et écrans, méditation et attention, etc.

Mais qu’est-ce que l’attention ? Pour bien distinguer l'attention de la concentration, nous pouvons prendre l'exemple suivant. Une personne qui conduit une voiture est concentrée sur son trajet : pour cela, elle doit faire attention aux feux rouges, aux priorités à droite, ou encore aux piétons sur son chemin. Si l'on remonte au niveau de la définition, l'attention peut être décrite comme la sélection sous forme claire et précise d’une information ou d’un événement extérieurs de la pensée et son maintien dans la conscience [5]. Cette définition met en avant deux caractéristiques intéressantes de l’attention :

1) Elle est limitée. L’attention ne peut en effet se porter que sur un nombre restreint d’informations ce qui demande une sélection des plus pertinentes.

2) Elle est en lien avec la mémoire et les apprentissages. En effet, avant de mémoriser une information, il faut d’abord porter son attention dessus, l’avoir jugée comme intéressante à prendre en compte. Stanislas Dehaene citait d’ailleurs l’attention comme étant un des quatre piliers fondamentaux des apprentissages [6] au même titre que l’engagement actif des apprenants, le fait de donner régulièrement des feedbacks et de consolider les informations apprises.

De nombreux chercheurs se sont intéressés aux facteurs influençant l’attention. Ces études se sont notamment intéressées à la manière d’orienter l’attention des apprenants sur les points les plus importants des contenus à apprendre. De nombreux conseils pour les formateurs ont émergé de ces études. Cela permettrait de réduire la charge cognitive engendrée par les éléments de formation présentés. De plus, il apparait nécessaire de réussir à communiquer efficacement sur l’importance des éléments présentés. Cette manipulation du contenu afin de manager l’attention des apprenants est désignée sous le terme de design de contenu et est déterminante sur l’impact pédagogique d’une formation.

Pour conclure

Motivation, concentration, attention : de nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer l’efficacité d’une formation. Mieux comprendre les différents phénomènes cognitifs en jeu lors des apprentissages représente un atout non négligeable pour créer une formation mieux adaptée aux contraintes cognitives des apprenants et donc plus efficace ! Notez également que pour vous aider, le choix d'une bonne plateforme LMS est très important : ce outil doit vous faciliter la tâche, par exemple en favorisant une expérience d'apprentissage permettant les feedbacks ou bien de l'adaptive learning.
Ce dernier point est toutefois un sujet à part entière, que vous pouvez investiguer dans, entre autres, dans nos articles Adaptive Learning : Pourquoi et comment l’appliquer en formation professionnelle, Quelles différences entre le bon et le mauvais Adaptive Learning ?, ou encore L’adaptive learning, eldorado de l’engagement ? Oui, mais...

RÉFÉRENCES

[1] Deci, E. L., & Ryan, R. M. (1985). The general causality orientations scale: Self-determination in personality. Journal of research in personality, 19(2), 109-134.
[2] Lin, Y. G., McKeachie, W. J., & Kim, Y. C. (2003). College student intrinsic and/or extrinsic motivation and learning. Learning and individual differences, 13(3), 251-258.
[3] Huang, R. H., & Shih, Y. N. (2011). Effects of background music on concentration of workers. Work, 38(4), 383-387.
[4] Raviv, S., & Low, M. (1990). Influence of physical activity on concentration among junior high-school students. Perceptual and Motor Skills, 70(1), 67-74.
[5] The Principles of Psychology, Vol. 1, Chap 11, “Attention”, pp. 403-404.
[6] Dehaene, S. (2012). Les grands principes de l’apprentissage. Collège de France, 20.

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À propos de l'auteur

Léa Combette

Léa est doctorante en sciences cognitives. Elle est diplômée en sciences cognitives et en médiation scientifique. Elle est très intéressée par le rôle du corps dans la pensée, notamment dans l’apprentissage des mathématiques. Elle est également autrice du podcast Papier Crayon qui croise les savoirs de chercheurs en sciences cognitives et d'enseignants sur des questions d'éducation.

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