

La vidéo représente aujourd'hui plus de 80 % des contenus de formation en ligne. Ce format s'est imposé comme un réflexe quasi automatique pour les responsables formation en entreprise. Pourtant, les sciences cognitives révèlent un paradoxe troublant : regarder n'est pas apprendre.
Alors, la vidéo de formation est-elle vraiment efficace ? Quand l'utiliser, quand l'éviter ? Cet article décrypte ce que la recherche scientifique nous enseigne sur l'apprentissage par vidéo, et permet de découvrir les alternatives pour améliorer l'impact de vos dispositifs pédagogiques.
La pandémie de COVID-19 a accéléré une tendance déjà bien amorcée dans le monde entier. Face à l'urgence de digitaliser les parcours, la vidéo s'est imposée comme la solution idéale. Accessible, standardisée, elle permet de diffuser un contenu identique à des milliers d'apprenants simultanément, que ce soit en présentiel ou en formation à distance.
Les avantages de ce type de format ne manquent pas. La vidéo pédagogique réduit les coûts de déplacement et d'animation pour les formateurs. Elle offre une grande flexibilité : chaque collaborateur suit son cours à son rythme, quand il le souhaite. Le contenu vidéo bénéficie aussi d'une image dynamique et moderne, notamment auprès des jeunes générations habituées aux réseaux sociaux comme YouTube par exemple.
Mais cette popularité repose-t-elle sur une efficacité réelle ? Ou simplement sur une facilité de production et une perception flatteuse ?
Regarder une vidéo sur écran place l'apprenant dans une posture passive. Or, les recherches démontrent que cette passivité nuit à la compréhension et à la mémorisation. Dès 1990, Furnham, Gunter et Green ont comparé trois formats différents : texte imprimé, audio et vidéo visionnée passivement. Résultat : le texte l'emportait systématiquement.
Le problème ? Le caractère transitoire de l'information audiovisuelle. Une donnée apparaît à l'écran, puis disparaît quelques secondes plus tard, remplacée par une autre. L'apprenant subit un débit imposé par le réalisateur du contenu, sans possibilité de s'attarder sur les points complexes. Ce constat s'applique aussi bien à un documentaire qu'à un tutoriel de montage vidéo.
Le modèle ICAP de la chercheuse Michelene Chi (2009) hiérarchise clairement les modes d'engagement cognitif. Du moins efficace au plus efficace : passif, actif, constructif, interactif. La vidéo classique se situe au niveau le plus bas. Une méta-analyse publiée dans PNAS (Freeman et al., 2014) confirme cet écart : les étudiants en apprentissage passif obtiennent des résultats 6 % inférieurs et présentent 1,5 fois plus de risques d'échec. Ces données concernent tous les métiers et tous les établissements d'enseignement supérieur.
Hermann Ebbinghaus a théorisé dès 1885 la célèbre courbe de l'oubli. Sans réactivation, nous perdons 50 % des informations apprises en deux jours. Après six mois, ce taux atteint 90 %. La vidéo, format linéaire par nature, n'intègre aucun mécanisme de récupération active. Filmer un expert qui explique une procédure ne suffit pas à garantir que l'apprenant saura la reproduire.
L'étude de Karpicke et Roediger (2008) démontre l'importance de cette récupération. Les personnes pratiquant régulièrement des exercices de rappel retiennent 80 % des informations après une semaine. Ceux qui se contentent de relire ou revoir un enregistrement vidéo : seulement 36 %. L'écart est considérable pour toute activité professionnelle exigeant une montée en compétences durable.
La vidéo n'est pas inefficace par essence. Son efficacité dépend de l'objectif pédagogique visé et de son intégration dans un dispositif plus large. Voici une description précise des cas d'usage.
La vidéo excelle pour :
La vidéo montre ses limites pour :
Un monteur vidéo professionnel, par exemple, ne devient pas expert en motion design simplement en regardant une formation complète. Il doit pratiquer sur un logiciel de montage, recevoir des conseils précis et développer son propre style créatif à travers différents projets.
Former efficacement implique de dépasser le réflexe vidéo. Plusieurs approches, validées par la recherche, offrent des résultats supérieurs selon les contextes. Ces ressources permettent de répondre aux différents besoins des apprenants.
Le microlearning interactif découpe l'apprentissage en modules courts de 3 à 5 minutes. Ce format intègre naturellement la répétition espacée et maintient l'attention. Les quiz et exercices intercalés transforment l'apprenant passif en acteur de sa formation. C'est une option facile à lancer et à gérer au quotidien. Résultat : une meilleure rétention et une capacité accrue à appliquer les acquis.
Les mises en situation et cas pratiques placent l'apprenant face à des problèmes concrets à résoudre, comme dans un atelier pratique. Cette approche active le mode constructif du modèle ICAP. Le feedback immédiat permet de corriger les erreurs et d'ancrer les meilleures pratiques. L'apprentissage devient expérientiel, donc durable. C'est l'idéal pour devenir opérationnel rapidement sur un nouveau poste ou une nouvelle fonction.
L'adaptive learning personnalise le parcours selon le niveau et les besoins de chaque personne. Contrairement à la vidéo standardisée de type "one size fits all", il s'adapte en temps réel grâce à l'intelligence artificielle. Un collaborateur maîtrisant déjà certaines notions avance plus vite. Un autre rencontrant des difficultés reçoit des contenus de remédiation ciblés. Cette formation sur mesure répond à une demande croissante des entreprises.
La vidéo reste un support important, à condition de l'utiliser correctement. Voici les meilleures pratiques pour rendre vos contenus vraiment efficaces.
L'attention chute drastiquement après 5 minutes. Privilégiez des vidéos courtes de 2 à 5 minutes ciblant un seul objectif pédagogique. Au-delà, découpez en plusieurs séquences avec un script et un découpage technique précis.
Un quiz toutes les 60 secondes maintient l'engagement et force la récupération active. Les études montrent une amélioration significative de la rétention avec cette approche. C'est la clé pour ajouter de la valeur à vos vidéos de formation.
La diffusion collective en direct (salle de formation, écran partagé) place les apprenants en mode passif. Le visionnage individuel permet de mettre en pause, revenir en arrière, s'adapter à son propre rythme. Chaque personne peut ainsi identifier les points à approfondir.
Un bon microphone est plus important qu'une caméra haute qualité. L'éclairage doit être suffisant pour garantir un rendu professionnel. Ces éléments techniques influencent directement l'attention du public.
La vidéo introduit un concept, l'exercice l'ancre. Cette combinaison exploite les principes de la récupération active et combat la courbe de l'oubli. Vous pouvez partager ces exercices via votre site web ou votre plateforme LMS (Learning Management System).
La vidéo fonctionne mieux en début de parcours pour expliquer et contextualiser. Les phases d'ancrage et de validation nécessitent d'autres modalités : quiz, mises en situation, cas pratiques issus du quotidien professionnel.
Chez Didask, nous proposons une plateforme qui réconcilie efficacité pédagogique et facilité de création. Notre plateforme structure automatiquement vos contenus pour maximiser la rétention. C'est un service expert qui aide les responsables formation à créer des parcours de haute qualité.
La vidéo trouve sa juste place dans des parcours optimisés. L'outil auteur la combine avec des exercices d'application, des flashcards espacées et des mises en situation réalistes. L'adaptive learning personnalise l'expérience de chaque apprenant grâce à ses fonctionnalités avancées.
La vidéo de formation n'est ni bonne ni mauvaise en soi. C'est son usage qui détermine son efficacité. Utilisée seule et passivement, elle produit des résultats décevants malgré les inconvénients limités de production. Intégrée intelligemment dans un dispositif multimodal, elle devient un atout pour développer les compétences.
L'enjeu pour les responsables formation : dépasser le réflexe vidéo pour concevoir des parcours réellement efficaces, fondés sur ce que la science nous enseigne sur l'apprentissage. C'est une question de choix stratégique pour toute organisation souhaitant suivre les meilleures pratiques du secteur.
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